Intelligence Artificielle

Les IA vont-elles vraiment voler nos jobs ? Une étude menée par OpenAI donne des éléments de réponse

Un robot en train de voler le job d'un développeur, DALL-E

"ChatGPT va voler nos jobs !" — C’est le refrain alerté que l’on entend sonner depuis quelques mois déjà, de manière plus ou moins justifiée, avec la montée en puissance des grands modèles de langage dont fait partie GPT.

Pour répondre à cette inquiétude grandissante, des chercheurs ont mené une étude sérieuse sur le sujet afin de déterminer l’impact potentiel des intelligences artificielles sur le marché de l’emploi.



Alors que celles-ci pourraient avoir une influence sur l’automatisation des tâches de très nombreux emplois, les jobs les mieux rémunérés seraient les plus exposés à un bouleversement dans les années à venir.

Menée par des chercheurs d’OpenAI, OpenResearch et de l’Université de Pennsylvanie, l'étude en question se focalise principalement sur le marché de l’emploi des États-Unis, et détermine que les IA pourraient y affecter 19% des emplois.

Au vu de l’essor mondial et fulgurant de ces technologies, ses résultats peuvent malgré tout être extrapolés à d’autres pays.

Des modèles toujours plus performants

Ce n’est pas une nouvelle : le modèle GPT est en mesure depuis plusieurs années de rédiger des essais, des articles, des argumentaires de vente, mais également de produire du code (plus ou moins pété, on va pas se le cacher) et d’analyser des rapports financiers.

GPT-4, la dernière version du modèle tout juste sortie la semaine dernière, est d’ailleurs capable de passer l’examen du barreau américain (concours des avocats), et même de faire mieux que 90% des candidats humains.

Positionnement de GPT-3.5 et GPT-4 par rapport à plusieurs examens
(source : OpenAI)

Face à ces performances, les chercheurs estiment que le chatbot ChatGPT et les outils qui seront développés avec les grands modèles de langage (LLM — Large Language Model) pourraient impacter au moins 50% des tâches attendues pour environ 19% des emplois américains.

Pour les 80% d’emplois restants, jusqu’à 10% de leurs tâches pourraient quant à elles être automatisées par ces outils.



Les cols blancs sont les plus menacés

L’étude ajoute que l’impact des LLM serait beaucoup plus prononcé pour les emplois les mieux rémunérés dans le domaine tertiaire, qui s’appuient en partie sur des solutions logicielles.

À ce sujet, on notera d’ailleurs que Microsoft a présenté la semaine dernière Microsoft 365 Copilot, son nouvel assistant personnel intégré dans toutes les applications de sa suite Office 365 (Word, Excel, PowerPoint, Outlook et Teams).

Toujours selon l’étude, les emplois en lien avec la science et nécessitant un esprit critique devraient être faiblement impactés par les modèles d’IA.

Les jobs axés sur l’écriture (écrivains, relations publiques, journalistes) et (roulements de tambour) la programmation seraient quant à eux les plus sujets à une transformation imposée par l’intelligence artificielle.

Le papier de recherche met aussi en avant le risque d’influence des modèles d’IA par type d’industrie. Les sociétés portant sur la gestion et la manipulation de données ainsi que l’édition et la finance sont les plus exposées.

Sans grande surprise, les secteurs où le travail manuel joue un rôle essentiel sont beaucoup moins impactés : c’est notamment le cas de l’agriculture, de l’artisanat, des industries alimentaires, de la restauration ou encore de l’assistance sociale.

Une étude à prendre avec des pincettes

Il est important de noter que cette étude dispose de ses propres limitations.

Tout d’abord, l’équipe de chercheurs s’est penchée sur 1000 emplois aux États-Unis, et a établi une liste de tâches et d’activités exercées pour chacun d’eux.

Dans leur approche, les chercheurs ont ensuite cherché à déterminer si un système équipé de GPT (ou le chatbot ChatGPT lui-même) serait en mesure de réduire le temps de travail requis pour chacune des tâches énumérées d’au moins 50%.



Bien évidemment, cette démarche est loin d’être représentative de la réalité car dans les faits, un emploi ne se limite pas à une liste définie et limitée de tâches.

De même, l’étude ne considère pas un autre point — non négligeable — au sujet de GPT : les (encore) nombreuses inexactitudes dans ses propos et analyses, qui pourraient par exemple être préjudiciables dans le domaine journalistique, voire pire : dans celui de la médecine.

Ce papier a néanmoins le mérite d’exister et de donner une idée des tendances à venir pour les prochaines années, en lien avec ces outils qui se pavent, au fil des mois et de leurs évolutions, un chemin vers l'indispensabilité dans le monde du travail.

Consulter le papier de recherche d’OpenAI

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À propos de l'auteur
Nicolas Lecointre
Chief Happiness Officer des développeurs, ceinture noire de sudo. Pour rire, j'ai créé Les Joies du Code. J'utilise Vim depuis 10 ans parce que je sais pas comment le quitter.