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IA, Local-first, observabilité : ce que dotJS 2025 révèle sur l’avenir de JavaScript

La scène de la conférence JavaScript dotJS 2025 au théâtre des Folies Bergère

Hello World ! Comme vous le savez, j’ai eu la chance de participer à la conférence JavaScript de référence dotJS qui s’est tenue le 3 avril dans le cadre incroyable du théâtre des Folies Bergère à Paris.

Après avoir relayé l’événement sur mes réseaux au cours de cette journée riche et intense, il est temps pour moi de vous faire un retour sur les grandes tendances qui se dégagent de cet événement phare de l’écosystème JavaScript, qui célébrait par ailleurs son 10ème anniversaire.

Gâteau célébrant le dixième anniversaire de dotJS pendant l'événement

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Vers un web plus autonome et performant : le retour en grâce du local

Cette édition 2025 de la conférence a été marquée par une prise de conscience collective sur les limites du Web 2.0 tels que nous le connaissons depuis maintenant deux décennies.

À ce sujet, Kyle Simpson, célèbre auteur des livres "You Don’t Know JS", a introduit sa notion de Web 2.5, une proposition intermédiaire entre le Web 2.0 et le Web 3.0 décentralisé.

Selon lui, le Web 2.0 a atteint ses limites : perte de confidentialité, lourdeur technologique, accessibilité restreinte, coûts croissants et complexité grandissante.

Face à ces problématiques, Kyle prône un retour à l’approche Local-first, où les données et la logique applicative prennent place sur les devices des utilisateurs, limitant par la même occasion la dépendance au cloud.

Découvrir la conférence de Kyle Simpson à dotJS 2025

Un revirement de situation qui permet de gagner en performance en réduisant la latence, mais aussi d’améliorer la résilience avec un fonctionnement hors ligne efficace et de renforcer la confidentialité en sollicitant moins les services centralisés.

Kyle Simpson pendant son talk à la conférence dotJS 2025

Ce changement est d’autant plus possible aujourd’hui grâce aux évolutions importantes des navigateurs, et à des technos actuelles comme WebGPU (présenté par Wes Bos lors de la conférence) qui permet notamment d’exécuter des modèles d’intelligence artificielle en local, avec une latence extrêmement faible et un niveau de confidentialité supérieur.

Dans la pratique, cela implique la gestion de tâches complexes comme la reconnaissance vocale (avec [Whisper](https://lesjoiesducode.fr/openai-presente-whisper-son-ia-de-reconnaissance-vocale-multilingue-open-source) par exemple) et l’analyse d’images directement dans le navigateur, sans envoyer de données sensibles à des services tiers — en plus d’être plus performante, cette approche est aussi plus éthique et économique.

JavaScript et… l'IA

Vous vous en doutez, impossible de tenir une conférence orientée dev sans désormais parler d’intelligence artificielle. J’en profite par ailleurs pour vous rappeler que la conférence dotAI dédiée à l’IA est déjà programmée pour le jeudi 6 novembre 2025 (profitez du tarif Early Bird jusqu’au 20 mai ! ⏱️).

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L’autre grande tendance qui ressort de cette nouvelle itération de dotJS, c’est donc bien l’intégration croissante, multipliée — que dis-je, exponentielle — de l’intelligence artificielle dans les workflows et les projets des développeurs.

Angie Jones, vice-présidente des relations développeurs chez Block, est revenue avec enthousiasme sur le concept des mashups, des intégrations multi-services qui avaient enflammé le milieu du dev web dans les années 2000 avant de disparaître tristement, faute de standards robustes pour gérer leur complexité.

Ce comeback des mashups "en big 2025" est désormais possible grâce au Model Context Protocol (MCP), un standard ouvert d’Anthropic (derrière Claude) qui permet à des agents IA d’orchestrer automatiquement et de manière intelligente des flux de travail complexes en combinant plusieurs API.

Le MCP simplifie ainsi radicalement les intégrations en éliminant les complications de maintenance et d’interopérabilité qui avaient autrefois enterré les mashups.

Cette nouvelle ère permet désormais aux agents IA de non seulement conseiller, mais surtout d’exécuter en autonomie des workflows, ouvrant la voie à une multitude de cas d’usage.

Ce fonctionnement est d’ailleurs parfaitement en lien avec l’approche locale évoquée précédemment.

Lors de son intervention, Wes Bos a démontré concrètement — en exposant certains de ses projets perso les plus fous — que JavaScript peut aujourd'hui gérer efficacement l'intelligence artificielle en local, sans dépendre systématiquement du cloud.

Wes Bos à la conférence JavaScript dotJS 2025

Robustesse et observabilité pour maîtriser la complexité en prod

À mesure que les applications JavaScript gagnent en autonomie et intègrent des flux de plus en plus complexes (IA, agents, traitements en local), la gestion opérationnelle devient un enjeu majeur pour les développeurs.

Ryan Dahl, le créateur de Node.js et de Deno, a directement adressé ce besoin en profitant de dotJS pour annoncer l’intégration native d’OpenTelemetry dans Deno.

Le console.log, c’est bien, mais une traçabilité solide, c’est mieux.

Découvrir la conférence de Ryan Dahl à dotJS 2025

Cette évolution améliore grandement les capacités de debug en production pour les devs : chaque requête dispose de son propre identifiant unique (trace ID), qui permet de faciliter l’analyse et le diagnostic des erreurs (logs, exceptions, timing…).

Ryan Dahl à dotJS 2025

Avis aux intéressés : cette nouvelle fonctionnalité est directement applicable aux applications Node.js existantes et tournant sous Deno, sans aucune modification de code nécessaire, afin de simplifier l'adoption par les équipes déjà implantées dans l’écosystème Node.

De son côté, Matteo Collina, membre du comité technique de Node.js, a profité de dotJS pour éclairer la communauté sur la gestion de mémoire dans Node.js, démystifiant l’idée reçue selon laquelle une utilisation élevée de la mémoire serait problématique.

Comme il l’a expliqué au cours de son talk, le fait que Node.js utilise toute la mémoire disponible n'est pas un signe de fuite, mais un comportement normal et optimisé.

Matteo est revenu en détail sur le fonctionnement de la gestion de mémoire dans le moteur V8, soulignant que les applications Node.js sont justement conçues pour conserver la mémoire afin de réduire la latence et de voir leurs performances améliorées.

Cette clarification aide ainsi les développeurs à mieux configurer et optimiser leurs applis en production, une bonne gestion de la mémoire étant avant tout une question de compréhension des mécanismes internes de Node.js.

"Encore un framework JS ?"

Pour conclure sur une note d’ouverture, Sarah Drasner, directrice principale de l’ingénierie chez Google, a partagé une mise en perspective historique sur la dynamique de l’innovation chez les frameworks JavaScript.

Sarah Drasner à la conférence dotJS

Selon elle, aucun framework ne "naît" de manière isolée : chacun évolue en s’inspirant des forces des autres.

Angular (majoritairement utilisé chez Google) s’est ainsi renouvelé en adoptant les bonnes idées de Vue, SolidJS et Svelte. React influence mais est également lui-même influencé par l’écosystème.

Cette vision systémique de l’innovation rappelle ainsi que le succès d’un framework ne réside pas nécessairement dans une rupture radicale de l’écosystème, mais plutôt dans sa capacité à assimiler, transformer et enrichir les innovations précédentes.

Cette édition anniversaire de dotJS a montré que JavaScript continue d’évoluer au rythme des grandes mutations du web : plus d’autonomie locale, plus de contrôle sur la complexité et surtout des intégrations encore plus poussées grâce à l’intelligence artificielle.

Et pour poursuivre sur l’IA justement, je vous rappelle que la conférence dotAI se tiendra le 6 novembre 2025, également au théâtre des Folies Bergère à Paris !

Un rendez-vous incontournable pour comprendre les transformations portées par l’IA et suivre les dernières avancées du domaine. Profitez du tarif Early Bird en place jusqu’au 20 mai !

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À propos de l'auteur
Nicolas Lecointre
Chief Happiness Officer des développeurs, ceinture noire de sudo. Pour rire, j'ai créé Les Joies du Code. J'utilise Vim depuis 10 ans parce que je sais pas comment le quitter.